
Selon une étude récemment menée par l’Institut Sofos, nombre de défaillances d’entreprises en France seraient imputables à un manque de connaissances et de formation des dirigeants aux exigences de leur fonction. L’Ordre de Nouvelle-Aquitaine s’est porté candidat à la création d’un « passeport pour entreprendre », destiné à préparer au mieux créateurs et repreneurs à braver les difficultés du quotidien…
La vitalité d’une économie se mesure bien souvent à l’éloquence des chiffres. Ceux-ci font froid dans le dos. Sur la seule année 2024, pas moins de 66 200 dirigeants français ont été soumis à l’arbitrage des tribunaux de commerce pour l’arrêt ou le maintien de leur activité. Liquidation, redressement, sauvegarde… ce sont 66 200 cas concrets de défaillances qui ont été examinés, plus de 100 000 emplois qui ont été menacés et autant de questions qui se sont posées sur les raisons de ces descentes aux enfers.
Si l’effet de rattrapage post-Covid, le remboursement des prêts garantis par l’Etat et les difficultés conjoncturelles rencontrées par certains secteurs, comme la construction, le transport routier ou la restauration (…), ont creusé le tombeau de bien des espérances, un mal autrement profond et insidieux s’est révélé au grand jour. « Chef d’entreprise est sans nul doute l’un des métiers les plus difficiles qui soient, rappelle Christian Prat-dit-Hauret, directeur du comité scientifique de l’Institut Sofos. De la gestion aux finances, de la stratégie commerciale aux ressources humaines, de la relation client au marketing,… il y a tant de choses à connaître, tant de paramètres à maîtriser… Or, peu de dirigeants y sont formés. Nous avons fait le constat que ce manque de compétences et de connaissances était à l’origine de bien des dysfonctionnements dans la conduite des entreprises et à la source de leurs difficultés. »
Tronc commun et spécialisations
Parce que « gérer, décider et arbitrer n’est pas donné à tout le monde », l’Ordre des experts-comptables Nouvelle-Aquitaine, suivant les résultats de l’étude publiée à la transition de 2024 et 2025 par l’Institut Sofos et sur proposition de celui-ci, s’est résolu à prendre le dossier à bras-le-corps. Son ambition ? Donner naissance à un pass formation, sobrement baptisé « Passeport pour Entreprendre », dont la fonction serait de fournir les outils nécessaires à tout créateur ou repreneur pour gérer durablement son entreprise et ne pas être pris au dépourvu au moindre écueil placé sur sa route. « La moitié de nos entrepreneurs mettent la clé sous la porte avant cinq ans, le coût sociétal est énorme, insiste Christian Prat-dit-Hauret. Le « passeport » que nous préconisons doit, sinon réduire à néant, tout au moins minimiser les risques d’échec. » Non pas en se substituant aux formations et accompagnements déjà proposés par certaines branches professionnelles, mais en fédérant les énergies autour d’un label qui reconnaîtrait l’apprentissage d’acquis, de bases indispensables au métier de chef d’entreprise. « L’idée fait son chemin d’une formation de tronc commun d’une dizaine de journées, éclaire l’expert. Au-delà, chaque branche professionnelle aurait le loisir de proposer un accompagnement spécifiquement adapté aux activités développées par l’entreprise candidate. »
Vers un triple financement
Ainsi soumise au volontariat, la « labellisation » ne sera pas rendue obligatoire par la loi. « Nous ne pouvons l’envisager, insiste Christian Prat-dit-Hauret. Nous respectons en cela la liberté d’entreprendre, qui se doit de demeurer un principe fondamental de notre constitution. Nous aimerions plus simplement que ce passeport devienne une référence, une marque de fabrique, la reconnaissance de compétences acquises. »
Si les programmes de formation ont déjà été en grande partie établis, si la budgétisation des coûts est en cours, plusieurs indécisions demeurent quant au « véhicule juridique » du projet -probablement une association- et aux possibilités de financement de l’accompagnement. Cette labellisation aura effectivement un coût. L’Ordre de Nouvelle-Aquitaine aimerait en faire porter la charge, à parts égales, sur la formation continue des entreprises, le porteur de projet via ses fonds propres ou son CPF et les pouvoirs publics.
« Un label comme garantie de qualité »
Comment l’idée d’un passeport pour les créateurs et repreneurs d’entreprise a-t-elle germé ? Quelle légitimité les experts-comptables ont-ils à devenir moteurs du projet de passeport ? Delphine Sabatey, présidente du CRO Nouvelle-Aquitaine, et Lucas Sarlange, président de l’Institut Sofos, creusent le sujet…
D’où est née l’idée du passeport pour entreprendre ?
Lucas SARLANGE :
« L’idée est née du constat, fait pendant les permanences tenues par nos confrères dans les tribunaux de commerce et les tribunaux judiciaires, que nombre d’entreprises défaillantes avaient à leur tête des dirigeants ne connaissant pas les rouages de l’entreprise, ses exigences, son fonctionnement même. La gestion, l’approche managériale, le marketing, la prise de décision,… tout s’apprend, rien ne s’improvise. Méconnaissances et incompétences sont hélas à l’origine de trop nombreuses situations inextricables. C’est tout le sens du projet que nous portons, de couper court à ces drames humains qui s’ourdissent en silence, en préparant, de la meilleure façon qui soit, le créateur ou le repreneur d’entreprise à ce qui l’attend. Ce passeport, c’est former et accompagner pour anticiper et agir au mieux. »
Pourquoi est-ce aux experts-comptables de s’emparer de ce dispositif et, au-delà, de le piloter ?
Delphine SABATEY :
« On a longtemps reproché aux experts-comptables leur absence dans l’accompagnement des entreprises en difficultés, alors même que nous fournissons au quotidien un travail colossal, certes invisible mais essentiel pour la survie de nos entreprises. C’est parce que nous sommes les premiers à être confrontés à leurs difficultés et parce que nous les accompagnons au mieux de leurs intérêts que nous nous sentons légitimes dans la mise en oeuvre et le pilotage du Passeport pour entreprendre. L’idée est de donner vie à un dispositif qui puisse fédérer sinon la totalité, en tout cas un maximum de partenaires institutionnels, économiques, organisations professionnelles, syndicats… autour de l’acte d’apprendre, de conseiller, de former et d’accompagner... »
Lucas SARLANGE :
« Il est effectivement primordial que ce passeport soit co-construit avec l’ensemble des parties prenantes de la sphère économique et entrepreneuriale. Les banques, les avocats, l’Urssaf, les chambres consulaires, les organisations professionnelles et les syndicats, pour des formations complémentaires et spécifiques aux métiers qu’ils représentent, auront tous un rôle à jouer dans l’accompagnement souhaité et la mise en oeuvre du dispositif. Il en va de l’intérêt des chefs d’entreprise et de la stabilité économique de la région que tous ces acteurs se rassemblent derrière un même projet, sans tirer la couverture à eux. Au sein du futur dispositif, tous auront leur mot à dire et leur soutien à apporter. »
Quelle forme ce passeport doit-il, selon vous, prendre ?
Delphine SABATEY :
« Nous n’avons pas les moyens, encore moins le pouvoir, de le rendre obligatoire, mais nous le voyons plutôt comme un label qui reconnaîtrait au créateur ou au repreneur une montée en compétences avérée et des acquis indispensables à la bonne conduite de ses activités. Non seulement ces apprentissages serviront d’outils aux dirigeants, mais ce label sera aussi une garantie de « qualité », notamment auprès des organismes bancaires. »
En savoir plus
L’Institut Sofos Créé en avril 2020 à Bordeaux, à l’initiative de l’Ordre des experts-comptables, l’Institut Sofos est un think tank à vocation nationale.
Apolitique et composé d’experts-comptables, d’universitaires et de chercheurs, ce cercle de réflexion souhaite participer au débat d’idées sur la compétitivité de l’économie française, en produisant des études pragmatiques, réalistes et ambitieuses. Chaque étude est assortie d’un ensemble de propositions que l’Institut Sofos entend faire remonter aux élus et responsables politiques.
Les notes publiées par l'institut sofos
PASS FORMATION : Faut-il un permis pour entreprendre ?
Dans un contexte où l’innovation et la compétitivité des petites et moyennes entreprises sont plus cruciales que jamais, la formation des dirigeants devient un levier incontournable.
À travers cette première note, l'Institut SOFOS s'attaque à un défi majeur : comment donner aux dirigeants les clés pour réussir dans un environnement en constante évolution ?
Ce document vous dévoile :
• Un diagnostic percutant de l’offre de formation actuelle : Est-elle à la hauteur des attentes des entrepreneurs ?
• Une analyse des besoins réels des dirigeants : Quelles compétences leur manquent pour franchir un cap ?
• La création d’un "Pass Formation" : Un véritable "permis d’entreprendre", conçu pour accompagner les leaders de demain.
• Des solutions inédites pour financer ces formations : Fini les freins financiers, découvrez des pistes innovantes pour permettre à chaque entrepreneur de se former.
Dans un contexte où l’innovation et la compétitivité des petites et moyennes entreprises sont plus cruciales que jamais, la formation des dirigeants devient un levier incontournable.
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Le Passeport pour Entreprendre
À travers cette nouvelle note, l'Institut SOFOS vous vous invite à faire un pas supplémentaire vers la mise en oeuvre de conditions favorables à un entrepreneuriat engagé et durable en plaçant la formation, l’accompagnement personnalisé et l’ancrage territorial au cœur du parcours des entrepreneurs et repreneurs d'entreprise.
Stimuler l’engagement, c’est aussi valoriser les talents, donner du sens et créer une dynamique collective. Le développement des compétences techniques, humaines et stratégiques devient alors un levier clé.
Cette étude explore le déploiement d’un projet sociétal ambitieux, pensé pour durer et faire grandir nos territoires.
C'est tout l'enjeu du Passeport pour Entreprendre !
À travers cette nouvelle note, l'Institut SOFOS vous vous invite à faire un pas supplémentaire vers la mise en oeuvre de conditions favorables à un entrepreneuriat engagé et durable en plaçant la formation, l’accompagnement personnalisé et l’ancrage territorial au cœur du parcours des entrepreneurs et repreneurs d'entreprise.
Stimuler l’engagement, c’est aussi valoriser les talents, donner du sens et créer une dynamique collective. Le développement des compétences techniques, humaines et stratégiques devient alors un levier clé.
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